En 5 ans, le président Maduro essuie plusieurs crises (dont la baisse du prix du pétrole), mais en génère d’autres. Sa gestion économique mène le pays à une inflation démesurée. 1 350 000 % en 2018. En conséquence, une pénurie de nourriture force plus de deux millions de personnes à quitter le territoire. La situation au Vénézuela est digne d’un film à suspense où plus aucune de nos nations dites démocratiques ne respectent le moindre précepte rudimentaire de la démocratie. Quand une vingtaine de pays européens reconnaissent le président du parlement vénézuélien Juan Guaido, autoproclamé “président” par intérim, et l’appellent à organiser des élections au plus vite, c’est qu’on se moque totalement du peuple vénézuélien et de ses choix même si on est pas d’accord avec le président légitime fût-il mal élu. Comment arriverait-on à organiser des élections dans un État où l’occident et certains pays s’autoproclament décideurs du destin du peuple vénézuélien ? La Chine, la Russie, l’Iran, la Cordée du Nord, Cuba, Nicaragua, la Bolivie mettent en garde contre l’ingérence dans les affaires intérieures d’un État souverain.
Élections présidentielles de 2018. Ayant supprimé l’immunité parlementaire, Maduro tient de quoi museler l’opposition. Celle-ci, suite à une accusation de boycott, ne peut d’ailleurs pas se présenter aux élections. Le choix est restreint, la démocratie peine à s’exprimer. Dans ce climat, des puissances internationales (dont la Belgique) jugent bon d’intervenir contre ce qu’elles nomment « la démocratie maduriste ». L’histoire nous a pourtant montré que vouloir imposer un modèle, sous prétexte de bien-être d’un peuple (et en partie contre sa volonté) n’était pas toujours judicieux. De même, il s’est avéré que ces « puissances salvatrices » cachaient souvent un intérêt économique. Oserait-on, ici aussi, soupçonner des motivations moins pures ? Nous assistons aujourd’hui à un début de guerre civile au Vénézuela où seuls les civils vénézuéliens seront les véritables perdants. Ni l’Europe, ni les Etats-Unis, ni les 20 pays européens et occidentaux ayant reconnu comme président, un individu n’étant pas passé par le cap des élections ne lèveront le moindre doigt quand les femmes, les enfants seront tués au Vénézuela. L’exemple le plus palpable reste bien la Syrie où depuis le début des hostilités, plus de 350.000 personnes ont perdu la vie. La Libye, la Côte d’Ivoire, l’Afghanistan, l’Iraq ne sont pas à rappeler sachant que l’armée française traîne toujours entre le Mali, la Côte d’Ivoire, le Tchad, Djibouti, Le Burkina-Faso, la Mauritanie, la Centrafrique et le Niger sans véritablement arriver à bout des terroristes et autres suspects toujours non compris par les populations de ces pays.
Ce samedi, en bloquant l’aide humanitaire venue de Colombie et du Brésil (soutenue par Juan Guaido), Maduro enfonce encore le clou contre sa population la plus précaire. Certains pays qui le soutiennent pointe du doigt l’ingérence dans les affaires intérieures du pays par les Etats-Unis et tout autre pays apportant son soutien au président auto-proclamé. Une question subsiste cependant :
L’Europe restera t-elle toujours le suiveur éternel des prises de positions américaines ? En acceptant aussi facilement un citoyen qui s’autoproclame ”Président” d’un un pays souverain disposant toutefois d’un Président élu même si les élections sont entachées d’irrégularités graves ? La démocratie est-elle à double sens ?
Le cœur des vénézuéliens balance entre un N. Maduro qui refuse l’aide humanitaire de l’occident, et un J. Guaido qui en fait son cheval de bataille. Bien que le résultat de ce bras de fer soit difficile à prédire, il semble que ce soit sur la démocratie que s’abattront les poings belliqueux.
Depuis le début de la crise au Vénézuela, il a aussi été remarqué le silence assourdissant de l’Afrique dont aucun dirigeant ne s’est encore véritablement exprimé, du moins sur les événements de ces derniers mois. Est-ce parce que la plupart des États africains déjà sous tutelle (nous n’allons pas vous refaire l’histoire… NDLR) n’ont rien à dire ou parce que les africains sont trop occupés à régler leurs problèmes internes ? Dans tous les cas, ce n’est pas la première fois que le continent brille par son absence sur des prises de position notamment sur des sujets liés à la liberté de peuples, la démocratie ou même l’autodétermination… Peut-être que les premières réactions africaines viendront dans les prochains jours.
Édito : K.D et S.H
Crédit Image : CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS & CARLOS GARCIA SOTO, PERU