Pour avoir planifié une marche pacifique contre le franc CFA, le pourfendeur du franc CFA expulsé de la Côte d’Ivoire d’Alassane Outtara
Parti en Côte d’Ivoire pour animer une conférence sur le néocolonialisme français afin de sensibiliser la masse populaire sur des enjeux stratégiques de la souveraineté africaine, le leader de l’ONG Urgences Panafricanistes Kémi Seba, a été expulsé mardi 26 mars dernier sur les ordres du président Alassane Ouattara vers le Bénin, son pays d’origine. Avec son équipe, l’activiste devait organiser le 31 mars, à Abidjan, la phase ivoirienne de sa campagne contre la Françafrique. Dernièrement, Kémi Seba avait violemment critiqué le Président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, pour sa défense du franc CFA.
Après le Sénégal (où il a brûlé en pleine foule un billet de 5 000F CFA), la Guinée et le Togo, c’est le tour de la Côte d’Ivoire de déclarer l’activiste Kemi Seba indésirable sur son territoire. Selon le porte-parole du gouvernement ivoirien, Sidi Touré, Kèmi Séba a été expulsé de la Côte d’Ivoire pour « prévenir des troubles à l’ordre public dans le cadre des manifestations et activités qu’il prévoyait entreprendre dans le pays ».
Expulsé vers le Bénin, son pays d’origine, le pourfendeur véhément du Franc CFA, est arrivé mardi soir à Cotonou à bord d’un vol commercial Air Côte d’Ivoire et a été entendu par les autorités béninoises.
Dès son arrivée au Bénin, Kemi Séba a été mis en détention dans les locaux de la Direction du Renseignement Territorial (DRT) sur instruction du ministre de l’intérieur Saka Lafia. Aux dernières nouvelles, l’activiste a été libéré un peu plus tard dans la journée du mercredi 27 mars. «Je viens d’être libéré des locaux de la Direction de Surveillance du Territoire, à Cotonou, après mon expulsion de Côte d’Ivoire par les autorités Ouattaristes et une réunion épique avec le ministre de l’Intérieur béninois, Sacca Lafia», a-t-il annoncé le 27 mars au soir sur sa page Facebook.
Dans une conférence de presse tenue le 28 mars à Cotonou, Kémi Séba a annoncé qu’il compte porter plainte contre l’Etat ivoirien et le ministre béninois de l’intérieur en la personne de Sacca Lafia. L’activiste dit avoir fait l’objet de graves menaces de la part de ce ministre qui lui aurait promis de restreindre ses libertés s’il continue de déranger les partenaires économiques du Bénin. Joint par la BBC, le ministre béninois de l’intérieur nie avoir menacé l’activiste. Sacca Lafia affirme lui avoir simplement demandé de mener ses activités sans troubler l’ordre public.
Moi, je n’ai pas peur de la prison, je l’ai fait à plusieurs reprises et ça ne m’a pas empêché de ressortir plus fort à chaque fois. » a martelé Kémi Sèba.
Signalons que Kémi Séba lutte pour que les pays africains abandonnent le franc CFA, qu’il considère comme un instrument du néo-colonialisme. Il envisageait de s’adresser aux Ivoiriens lors d’une manifestation, dans un pays dirigé par Alassane Ouattara, l’un des défenseurs de cette monnaie. On se souvient encore de la déclaration du Président ivoirien, reçu mi-février à l’Élysée par son homologue Emmanuel Macron. Alassane Ouattara n’a pas hésité à faire l’éloge de cette monnaie : «Le franc CFA est notre monnaie, c’est la monnaie des pays qui l’ont librement choisie, depuis l’indépendance dans les années 60 […] Elle est solide, elle est appréciée, elle est bien gérée» avait-il déclaré, avant de poursuivre: «Nous sommes très heureux d’avoir cette monnaie qui est stabilisante.»