Cette semaine, nous faisons écho au récent rapport intitulé “Congo – Passé Colonial” remis aux autorités belges. Pour info la commission parlementaire fait suite au Mouvement Black Lives Matter qui a pris beaucoup d’ampleur en Belgique l’été dernier et aux “excuses” voire “regrets” du roi Philippe concernant les conséquences de la colonisation au Congo.
En effet, il s’agit de la question des réparations. Cette question de manière générale est un vaste débat lié directement aux perdants des guerres, à l’esclavage, la colonisation, l’holocauste, les conflits ethniques etc. Si les pays perdants des grandes guerres ont été condamnés à verser des réparations aux gagnants, qu’en est-il des pays “gagnants/colonisateurs” ? ce qui nous intéresse ici est le cas de la colonisation de l’Afrique Noire par les pays européens ; la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et plus particulièrement la Belgique en lien avec le Congo. La question est simple : Que doivent ces anciennes puissances colonisatrices aux pays ruinés et aux descendants des peuples colonisés ?
Quelles sont les conséquences de la colonisation ? La première pourrait être les frontières : décidées et tracées à la Conférence de Berlin en 1884, on doit à cette conférence ce découpage à la règle, presque scolaire du continent. Une séparation géographique ne tenant compte d’absolument rien. Une règle, des angles droits et advienne que pourra. C’est à cette fameuse conférence que Léopold II, Rois des Belles “hérite, s’octroie ” le Congo. C’est sa propriété personnelle, la France quant à elle étend son influence en Afrique de l’Ouest et contrôle un territoire 5 fois plus grand que la taille du pays. Sa conséquence : la FranceAfrique, l’obsession maladive des présidents français avec la région du Sahel. La conséquence ici c’est l’influence mondiale des pays européens dans le monde. Il en ressort donc que sans colonisation et sans le sang et les larmes des populations locales, pas d’hégémonie et pas de super puissance.
La mission civilisatrice est plus une mission destructrice avec un peu de recul.
Il se dit que “bien mal acquis ne profite jamais” ; la Belgique fait donc partie de ces exceptions qui confirment la règle. La richesse indécente de certaines familles belges, dont les Saxe-Cobourg Gotha (la famille royale pour les non-initiés) est intimement si ce n’est complètement liée à l’enrichissement permis par les exactions de Leopold au Congo: pillages, tortures et massacre de masse (on peut appeler cela un génocide) … C’est tout cela qui, finalement justifie la création d’une commission parlementaire sur ce qui s’est vraiment passé au Congo. Et d’ailleurs, la rédaction espère qu’un jour, Leopold ne sera plus juste enseigné comme roi bâtisseur dans les manuels scolaires mais que son rôle dans la mort estimée de plus de 10 millions de congolais sera reconnu, de même que le rôle du gouvernement belge dans l’assassinat de Patrice Lumumba, premier ministre et leader de l’indépendance du pays.
Pour la question des réparations, quelles sont-elles ? quelle formes peuvent-elles prendre et surtout existent-elles vraiment ? sont-elles un fantasme des mouvements de coloniaux et anti racistes ? En premier lieu, il y a des excuses, mais de qui ? À qui ? Et pour quels faits ? C’est ici alors que le travail des commissions prend son sens : identifier les acteurs et les responsabilités. Puis, nous avons la question du dédommagement ? Comment chiffrer le préjudice et auprès de qui ? Les États, les associations, les descendants eux-mêmes ? en tout cas, députés et experts travaillent de concert depuis quelques temps pour réfléchir non seulement à un échéancier mais surtout pour identifier et quantifier les préjudices. Par ailleurs, les oeuvres d’arts sont devenus un un sujet brûlant. On parlait de leurs restitutions dans un live précédent et c’est bien évidemment un sujet qui cristallise mais peut-on réellement qualifier de réparations la restitution de bien volés ? La réflexion en vaille la peine. Nul ne peut avancer s’il ne connaît pas son histoire. Il est indispensable de connaître le passé pour ne pas reproduire les erreurs d’hier. Sans penser qu’une nouvelle colonisation serait possible, le rapport de force entre les anciennes puissances coloniales et leurs ex-colonies est toujours présent. Aujourd’hui, Il est difficile de dire que la Belgique occuperait sa même place sur l’échiquier mondial si un roi narcissique et raciste n’avait pas décidé il y a quelques années d’annexer un peuple, un pays et une histoire pour son enrichissement personnel.
Le lien du live se trouve ici