La sous traitance des migrants. Pour la modique somme de 175 millions de livres sterling les réfugiés et demandeurs d’asiles du Royaume-Uni seront envoyés au Rwanda en attente du traitement de leur dossier. C’est en résumé la teneur du pacte UK-Rwanda piloté par la ministre de l’Intérieur britannique Priti Patel et le ministre des affaires étrangères rwandais Vincent Biruta.
Le Royaume-Uni, un eldorado?
Avec 135 912 réfugiés et plus de 83 000 demandeurs d’asiles en 2021, le Royaume-Uni est donc convoité mais est loin d’être un des pays d’accueil à l’échelle mondiale. En Turquie, la championne européenne, c’est plus de 3,7 millions de réfugiés en 2021. Selon les autorités du Royaume-Uni, un tel accord était nécessaire pour dissuader les réfugiés et demandeurs d’asile d’entreprendre la traversée de la Manche depuis les côtes françaises, le but étant de couper le financement des gangs de passeurs.
Dans l’opinion publique, cet accord à été plus que mitigée et 42% des personnes interrogées par le site de sondage du gouvernement ont exprimé leur désaccord. Le Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies s’est déclaré en opposition totale avec la mesure:
« Les personnes fuyant la guerre, les conflits et les persécutions méritent compassion et empathie. Elles ne devraient pas être échangées comme des marchandises et transférées de force à l’étranger.» L’archevêque de Canterbury, le numéro deux de l’église d’Angleterre a affirmé lors de son sermon du dimanche de Pâques que le deal soulevait des réelles questions éthiques.
Cependant la réaction la plus inattendue vient du Prince Charles, fils d’Elisabeth II et prochain souverain du Royaume-Uni. Il déroge à la sacro-sainte règle qu’a la famille royale de ne pas s’exprimer sur les questions politiques et publie dans le quotidien “The Times” avant son voyage au Rwanda un texte qualifiant la décision d’épouvantable
Flying migrants to Rwanda is apalling
Analyse de Manon Filloneau d’Amnesty International sur les questions de droit qui entourent cet accord.
La question de la légalité
Le premier vol était prévu pour le 14 juin en soirée. 30 réfugiés et demandeurs d’asile étaient prévus à destination de Kigali. L’opération estimée à un demi million de livres s’est soldée par un fiasco pour les autorités du Royaume-Uni mais un succès pour les défenseurs des droits de l’homme. L’avion n’a pas pris son envol, faute de passagers. Le jour-même, seulement sept personnes devaient prendre place dans l’appareil mais quelques minutes avant le décollage, la Cour Européenne des Droits de l’Homme de Strasbourg a pris une décision en urgence concernant un demandeur d’asile irakien. Suite à cela, les six autres personnes ont fait appel auprès de diverses cours de justice et le vol a été annulé. Priti Patel a rapidement annoncé son intention d’organiser le prochain vol. À la rédaction, nous continuons la veille pour vous tenir informés du sort des réfugiés qui étaient prévus sur le premier vol et des potentiels prochains.