Lundi 19 septembre, les yeux du monde sont rivés sur l’Abbaye de Westminster à Londres. Le Royaume-Uni et certains chefs d’États du monde diront adieu à l’une des figures du monde politique de ces dernières décennies : la défunte reine Elizabeth II. Elle aura vu 15 premiers ministres anglais défiler dans son bureau, servi pendant la deuxième guerre mondiale et reçu à dÎner tous les grands de ce monde.
Cependant, l’heure n’est pas à une énième nécrologie sur les grands accomplissements de la monarque anglaise, tous les médias du monde ont à présent partagé les leurs, pour la plupart déjà écrite, seule la date manquait. Elizabeth Alexandra Mary devient souveraine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord le 6 février 1952 à la mort de son père le roi Georges VI, mais pas seulement lorsqu’elle accède au trône elle devient de facto reine des royaumes du Commonwealth et autres territoires.
Reine d’ici et d’ailleurs ?
Le Commonwealth, ce sont ces anciennes colonies britanniques qui ont conservé le souverain du Royaume-Uni comme Chef de l’Etat. Il y a donc le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande et l’Afrique du Sud mais aussi ces nations plus petites : Antigua et Baruda, la Jamaïque, Belize…
Tous ne sont pas égaux : certains pays bénéficient d’une exemption de visa pour visiter le Royaume-Uni et d’autres Non. Certains ressortissants bénéficient de facilité d’installation au Royaume-Uni, et d’autres…Non. À Sa création en 1931, en pleine décolonisation, nombres de pays ont quitté le Commonwealth : 20 anciens royaumes : les premiers et plus notables sont l’Irlande et l’Inde.
Cette association de pays est plus considérée comme une alliance commerciale et culturelle que politique. C’’est d’ailleurs pourquoi d’autres pays ont rejoint cette communauté tardivement : le Cameroun en 1995, le Gabon en 2002 ou plus récemment le Togo. Il reste cependant important de rappeler que son origine est profondément ancrée dans l’empire colonialiste britannique.
Colonialisme, controverses, la face sombre de la royauté britannique
Dans un soucis de clarté, il nous faut rappeler que le Royaume-Uni est une monarchie constitutionnelle. Si le souverain est le chef de l’état, ses pouvoirs sont limités. Rôle symbolique dans les faits, mais Elizabeth II était l’exception qui confirmait la règle. Si elle ne s’est jamais exprimée politiquement, elle a reçu de la même manière premiers ministres travailleurs comme conservateurs. Appliquant la règle du « never explain, never complain » (ne jamais s’expliquer, ne jamais se plaindre) pour conserver la neutralité politique exigée. Son silence lui a pourtant été reproché, notamment au moment de l’apartheid où sa seule action à été de ne pas se rendre en Afrique du Sud.
Il est impossible de parler de l’histoire britannique sans mentionner son passé colonial, de la même manière, le règne d’Elizabeth II ne peut être remémoré sans parler des événements qui se sont passés lorsqu’elle était au pouvoir. L’influence, le pouvoir et la richesse du Royaume-Uni d’aujourd’hui n’est presque uniquement possible qu’a l’écrasante domination que la royaume a exercé sur le globe. Seuls 22 pays dans le monde n’auraient pas été envahis par l’ex-empire britannique. L’incroyable fortune de la famille royale est estimée à 32 milliards d’euros avec un portfolio d’oeuvres d’arts, de biens immobiliers et de bijoux controversés.
Le scandale de la génération Windrush, ces descendants afro-caribéens des anciennes colonies encouragés à immigrer après la deuxième guerre mondiale, bien qu’imputable au gouvernement, n’a pas éclairé sous bon oeil le traitement réservé aux immigrés de certaines anciennes colonies. Le passif esclavagiste de l’empire britannique n’arrangeant rien aux demandes de réparations, qui, si elles sont de plus en plus nombreuses, restent lettre morte.
Les voix qui s’élèvent pour que les pays deviennent des républiques et n’aient plus le souverain britannique à leur tête trouvent un écho. Le décès récent de la reine et l’héritage de cette fonction par son fils de 73 ans sera t’il le catalyseur pour une exode massif. Seul l’avenir nous le dira, mais si la réception des représentants de la famille royale lors du dernier « Commonwealth Tour » est une indication, l’heure de l’hégémonie royale britannique semble comptée.