Avec deux coups d’État en un an, le Burkina Faso et sa population semblent ne pouvoir connaître aucun répit.
En janvier de cette année, Roch Marc Christian Kaboré (élu en 2015 et 2020) est renversé par un putsch. Paul Henri Sandaogo Damiba prend la tête de la junte militaire qui contrôle le pays. 9 mois plus tard, le pays est toujours en proie au violences terroristes dont le Sahel est victime, s’engouffrant dans une situation politiquement tendue, le capitaine Ibrahim Traoré soutenu par l’armée dépose Damiba. ce dernier sera obligé de faire annoncer sa démission le 30 septembre par les chefs communautaires et religieux.
Pourquoi un tel putsch ?
C’est le propre parti de Damiba qui s’est retourné contre lui : le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) avait soutenu son chef Damiba lors du précédent putsch avec comme ambition de rendre le pays plus sûr. Face à l’échec du gouvernement de transition, notamment l’augmentation du nombre de morts civils depuis l’arrivée au pouvoir de Damiba, son parti s’est donc retourné contre lui. Incapacité d’écouter ses collaborateurs, ambition politique qui a dépassé les idéaux de départ, il est impossible de savoir l’étendue des griefs reprochés à Damiba, mais le résultat reste le même il doit être remplacé selon le MPSR. Selon les nouveaux hommes au pouvoir. Damiba est maintenant au Togo à Lomé.
Quelles conséquences au Burkina Faso?
L’instabilité du pays et les attaques terroristes ne sont pas nouvelles. Elles crispent le pays depuis des années, il est estimé que 80% du territoire national échappe au contrôle du pouvoir. Pendant les heurts, l‘ambassade française a été prise pour cible par de nombreux manifestants. Plusieurs raisons motivent cette action civile des populations. Un désamour certain envers la France et son intervention au Sahel, les commentaires des putschistes sur le rôle de la France dans l’insécurité dans le pays et la mauvaise gérance par Damiba. Les 4000 français du Burkina Faso ont été sommés d’être prudents et de rester chez eux.
Pendant ce temps, La délégation de la CEDEAO qui devait se rendre à Ouagadougou est arrivée le 4 octobre. Le président de la CEDEAO s’est déclaré satisfait de son entrevue avec le capitaine Ibrahim Traore. Mais la rencontre s’est tenue dans les locaux de l’aeroport de Ougadougou rapporte RFI. L’ambiance locale étant plutôt hostile à la délégation. Le rôle de la CEDEAO pour le futur reste celui de suivre les engagements pris par l’ancien gouvernement et de voir l’application prévue par le nouveau gouvernement Traore. Les promesses du capitaine sont pour le moment concentrés sur un retour à une gouvernance normale pour 2024. Après plus d’une quinzaine de coups d’État, le Burkina Faso peut-il prétendre à la stabilité politique ?