Ça y est ! Ça recommence encore. La même rengaine électorale. Les mêmes jérémiades et lamentations. Les mêmes cris et plaintes. Les mêmes révoltes au lendemain de toutes échéances présidentielles. A peine la Commission électorale indépendante a-t-elle proclamé les résultats provisoires que déjà, des voix s’élèvent pour remettre en cause le verdict des urnes. Vainqueur, Félix Tshisekedi récolte 38, 57% des suffrages au grand dam de son concurrent Martin Fayulu dont les agissements contestataires semblent secouer les piliers de la paix déjà mal enracinés en RDC. Ce dernier dénonce ce qu’il appelle un « putsch électoral » et affirme : « le peuple ne se laissera pas confisquer cette victoire ». S’il y a une contestation à la fois étonnante et aberrante, c’est bien celle de la Conférence épiscopale des Evêques de RDC. En effet, l’Eglise catholique affirme que ses observations ne correspondent pas aux résultats de la présidentielle. Le comble, c’est que la France semble valider cette contestation du Clergé à travers la réaction du ministre Jean-Yves Le Drian pour qui « les résultats proclamés ne correspondent pas à ceux détenus par la Conférence épiscopale. » Comment comprendre l’ingérence de l’Eglise qui devrait incarner l’impartialité ? Tout cela semble raviver les tensions et menace la paix en RDC. Comment comprendre les propos de Jean-Yves Le Drian dans une atmosphère déjà complètement délabrée ?
La contestation électorale systématique est si ancrée dans les mœurs des peuples africains que l’on se pose la question de savoir à quoi servent finalement les élections. Même si cette pratique relève d’un droit constitutionnel et s’inscrit dans l’expression de la démocratie, il est important de s’interroger sur son opportunité et sa capacité à instaurer un climat de paix et de cohésion sociale.
Au lendemain des élections présidentielles en Afrique, il existe toujours des voix frustrées qui déchirent le silence pour jeter le discrédit sur l’organisation des échéances. Cela pose le problème de l’absence de transparence dans les élections et tout son cortège d’irrégularités.
Signalons qu’en RDC, ce résultat peut encore faire l’objet de recours devant la Cour constitutionnelle qui proclamera les résultats définitifs d’ici le 15 janvier. La prestation de serment du nouveau président élu pour un mandat de cinq ans est prévue pour le 18 janvier.
L’Afrique est-elle devenue un capharnaüm où les présidentielles ne sont rien d’autres que des formalités hypocrites et au goût acidulé dont se sert une minorité de politiques pour installer le chaos ?